Publié le 21 Février 2023Mis à jour le 16 Décembre 2024
Découvrez les jardins enchanteurs de la Place du Casino de Monte-Carlo, un véritable havre de paix en plein cœur de la ville. Entre fontaines, sculptures et végétation luxuriante, laissez-vous transporter dans un univers féerique et découvrez l'histoire de ces jardins emblématiques de la Principauté. Toutes les illustrations représentant les espèces de plantes et d'arbres ont été confiées à l'artiste Jean-Benoit Héron.
Si le Casino de Monte-Carlo s’ouvre au sud sur la Méditerranée, la Grande Bleue comme on aime à la surnommer, un petit tour côté nord suffit pour se laisser happer par les jardins luxuriants qui surplombent la Place du Casino de Monte-Carlo. Abritant les spécimens d’arbres remarquables du « Jardin de la Petite Afrique » et les massifs foisonnants des « Jardin des Boulingrins », ces deux espaces verts vont puiser leurs racines en 1879, année où S.A.S. le prince Charles III demande au célèbre architecte paysagiste, botaniste et horticulteur Edouard André de les aménager.
Considérée à l’époque comme une région très chaude qu’on ne pouvait habiter que l’hiver, un éden dont la flore devait donner l’impression d’un éternel printemps de décembre à mars, la Côte d’Azur va alors accueillir pour séduire les hivernants des végétaux venus des quatre coins du monde, aux côtés de ses espèces endémiques locales. Ayant évolué au cours du temps en termes de tracé et de végétaux présents, les Jardins des Boulingrins et de la Petite Afrique restent les témoins vivants de cette période. Une invitation à cheminer parmi les arbres, les arbustes et les fleurs, au fil des allées.
Installé sur un terrain en pente douce, où courent des jeux d’eau, cet espace paysager imaginé par Edouard André a eu dès le départ un caractère tropical affirmé, avec sa multitude d’espèces venues des pays de l’Océan Pacifique Sud. « Ce paysagiste majeur français de la seconde moitié du XIXe siècle, est également connu pour sa technique dite de la poignée de sable, consistant à disséminer la végétation comme des grains de sable sur le sol pour une implantation au rendu naturel », s'enthousiasme Maurice Bauge, contremaître dans les jardins. Ici, tandis que les travailleurs profitent de leur pause déjeuner sur les bancs et que les enfants observent les canards dans l’eau, on chemine parmi les arbres remarquables entre l’Office de Tourisme de Monaco et la Place du Casino de Monte-Carlo. Des spécimens anciens qui font partie du Parcours des arbres patrimoniaux recensés par la Direction de l’Aménagement Urbain, la Fondation Prince Albert II et la Direction du Tourisme dans le cadre de l'initiative:
Au bas du Jardin de la Petite Afrique à l’est, on peut débuter la balade auprès d'un Ficus Macrophylla. Également appelé figuier de la baie de Moreton ou figuier étrangleur, cet arbre acclimaté dès la création du jardin se distingue par ses racines aériennes ramifiées qui rejoignent le sol pour former de nouveaux troncs. Juste au-dessus, on rencontre un Melaleuca lanceolata. Une espèce arbustive de la famille des Myrtacées, réputées pour leurs huiles essentielles aux propriétés thérapeutiques. Originaire du Mexique, un Beaucarnea recurvata donne à voir son tronc en forme de pied d’éléphant et ses longs feuillages recourbés, à côté d’un Ginkgo biloba, connu sous le nom d’arbre aux quarante écus. Pour l’anecdote, on l’aurait appelé ainsi parce que le botaniste français Charles Pétigny l’aurait acheté pour quarante écus d’or. Au Japon, on prête d'ailleurs aux feuilles de cette espèce d’arbre préhistorique – fossile vivant datant du Jurassique et du Crétacé et qui a connu les dinosaures - des propriétés aphrodisiaques.
Illustration: Ficus Macrophylla par Jean Benoit Heron
Après un élégant Araucaria excelsia ou Pin de l’île de Norfolk, au tronc longiligne et aux branches admirablement symétriques, on entame la redescente par la partie ouest vers un Metrosideros excelsa, arbre sacré des Maoris, connu comme l’arbre de Noël de Nouvelle-Zélande avec ses étamines rouges. Mentionné comme le plus bel exemplaire de l’Hexagone dans l’ouvrage « Les plus grands arbres de France » édité en 1956, la circonférence de son tronc atteint désormais près de 2 mètres. Pour la petite histoire, le conifère au joli feuillage en contrebas est un Wollemia nobilis ou Pin de Wollemi, espèce découverte en 1994 en Australie, dont la population ne comprend qu’une centaine de sujets dans la nature et qui a été introduite dans les jardins à l’international. « Celui installé dans le Jardin de la Petite Afrique a été planté en 2006, ajoute Stéphane Moroni, qui contribue à son entretien. Travailler avec toutes ces espèces tropicales est une chance, sachant que ces espaces verts font partie des plus anciens jardins d’agrément d’Europe ».
Illustration: Metrosideros excelsa par Jean Benoit Heron
Originaire des Etats-Unis, le Magnolia grandiflora que l’on retrouve sur place fait partie des spécimens les plus appréciés pour ses gigantesques fleurs blanches au parfum subtil. Autre espèce remarquable, cette fois à la floraison rouge : le Brachychiton X hybridus qui trône au croisement de deux allées. Le parcours se termine ainsi en bas du Jardin de la Petite Afrique avec un Pinus canariensis ou Pin des Canaries. Un grand conifère aux aiguilles fines et pendantes étonnamment longues. A noter au passage que ces aiguilles ont la particularité de pousser par trois.
Aux arbres exotiques très hauts du Jardin de la Petite Afrique, répondent les abondants massifs des Jardins des Boulingrins. Un espace vert qui induit un tout autre rapport au paysage et dont le nom provient de l’anglais « bowling green ». Créés par Edouard André dans l’esprit des jardins à la française, ces Boulingrins devaient servir de décor, de perspective menant le regard vers le Casino de Monte-Carlo. Après plusieurs aménagements récents comme la construction d’un parking en sous-sol puis l’accueil des pavillons éphémères de la Promenade shopping, ils ont été repensés dans une version contemporaine par l’architecte paysagiste Michel Desvigne, qui s’est inspiré pour cela de photographies d’archives.
On peut désormais y cheminer entre les pelouses, arbustes et plantes à fleurs dont certaines espèces historiques ont été réimplantées. L’ensemble a été pensé comme un voyage à travers des zones géographiques, avec de bas en haut : l’Afrique du Sud, l’Océanie et la Nouvelle-Zélande, l’Océanie et l’Australie, l’Amérique du Sud et enfin l’Asie. Un jardin bordé de grands Washingtonia filifera, un palmier à jupon originaire d’Australie, et où l’on croise entre-autres arbres remarquables un Chorisia speciosa, qui imite le vrai kapokier. La fibre végétale soyeuse qui tapisse les fruits du kapokier sert d’ailleurs à faire des oreillers.
« En dehors du climat clément azuréen, ces jardins sont aussi pour moi des endroits zens qui permettent de s’isoler de la circulation, ajoute Stéphane Morini. Depuis 2020, nous avons également remplacé les produits phytosanitaires par des traitements biologiques. Nous faisons appel à des bactéries comme le Bacillus thuringiensis contre les chenilles, ou des lâchers de chrysopes vertes et de larves de coccinelles, insectes qui mangent les pucerons et cochenilles, pour nous aider à l’entretien de ces jardins.»
Illustrations réalisées par Jean-Benoit Héron
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